Comme tout le monde n'a pas eu le bonheur d'étudier la théologie à la Grégorienne, je laisse ici quelques précisions rapides sur l'arianisme, que combattit, parmi d'autres, Lucifer de Cagliari :
L'arianisme est une "hérésie" (au sens classique de doctrine contraire au Dogme)qui devait jouer au 4ème siècle de l'ère commune un rôle important dans la définition du dogme de la Trinité. Comme à cette époque les relations entre le Père et le Fils ne sont pas encore clairement établies (ni même la relation à l'Esprit) des chrétiens, de culture grecque le plus souvent, vont adopter la théorie du néoplatonicien Origène, le "subordinationisme", qu'on peut énoncer comme suit :
1/ Jésus est créé et de ce fait n'est pas de la consubstantiel à Dieu.
2/ Dieu est incréé et n'a pas d'origine (temps, espace, causalité, etc.).
3/Le Fils témoigne du Père, mais n'est pas Dieu : il est dans un état intermédiaire entre Dieu, dont il est la plus parfaite image incarnée, et l'humanité, autre image de Dieu (cf. Genèse)
Comme on le voit, les thèses qui sont ici développées sont typiques de la pensée néoplatonicienne, qui, quand elle se tourne vers les problème de l'Absolu et de la Transcendance, débouche sur le courant des Pères du Désert ou "apophatisme".
C'est dans un tel contexte que le prêtre Arius (256 - 336) intervient. Il considère que Jésus est un homme au sens plein, et qu'en lui s'est incarné le Verbe divin, reprenant ainsi l'esprit et la lettre du prologue de l'évangile selon Jean.
Son enseignement, qui sera combattu par Athanase tout particulièrement (et notre mai Lucifer), permet de concilier la pensée chrétienne et l'héritage platonicien. Il va influencer des hommes qui seront les leaders de l'époque : Eusèbe de Nicomédie, Eunomius, l'antipape Félix II, l'archevêque Wulfila (qui sera l'un des principaux défenseur du christianisme chez les Saxons et Germains), le patriarche de Constantinople Macédonius, le pape Eudoxe d'Antioche, Démophile, et le co-empereur Maxence.
Pour cette raison, le débat passe rapidement du plan théologique au plan politique, et le Concile d'Antioche qui condamne Arius sera surtout le lieu d'un affrontement stratégique. L'arianisme est en effet défendu par la maison impériale et soutient en retour le pouvoir,
Une seconde phase de cette querelle théologique verra l'opposition entre théologiens "orientaux" (comme Basile de Césarée, Grégoire de Nysse, ou encore Grégoire de Nazianze) et Pères de l'Eglise d'Occident (au 1er rang desquels Ambroise de Milan).
Que reste-t-il de l'arianisme aujourd'hui ? Pas grand chose. On a dit que les Cathares se sont inspirés de la doctrine d'Arius... Rien n'est moins sûr... Certains prétendant que Michel Servet, père spiritiel du mouvement réformé unitarien, s'en est aussi inspiré... A voir... Les Témoins de Jéhovah eux-mêmes ont cherché à se draper dans l'autorité d'Arius pour développer leurs thèses et chercher une certaine respectablilité, mais personne n'est dupe...
En fait, si on recherche l'arianisme, il faut se retourner vers... l'Eglise catholique romaine ! En dépit des apparences, le débat n'a jamais été clos ! Et contiue de susciter les polémiques, mais en secret...
Sur le plan ésotérique, il faut remarquer que l'arianisme est une doctrine qui permet beaucoup d'ouverture vers les champs de réflexion qui nous intéresse ici : à l'occasion, je vous laisserai quelques notes sur cette question qui me passionne depuis des années...
réponse de hospodar